La sociocratie pour les organisations africaines

Je vais vous présenter une forme d’organisation qui vous sera très utile en Afrique : la sociocratie.

La sociocratie qu’est-ce que c’est ?

La sociocratie ou holacratie a été inventée comme forme d’organisation en entreprise dans les années 1970.

Elle peut inspirer les formes d’organisation de toute forme de vie sociale :

  • entreprise
  • coopérative
  • association
  • ONG
  • collectif informel

Une sociocratie se caractérise par les traits suivants :

LA RAISON D’ÊTRE DIRIGE L’ACTION COLLECTIVE

La raison d’être est le but, l’objectif, l’idéal d’une organisation collective.

Il n’y a donc pas besoin de chef puisque chaque membre de l’organisation agit par passion envers la raison d’être du projet.

L’ACTION S’ORGANISE PAR CERCLES

Pour faciliter l’action collective, les individus se répartissent en cercles fonctionnels, par exemple :

  • Communication
  • Stratégie
  • Marketing
  • etc

Chaque cercle a autorité sur son domaine de compétence.

Un cercle accueille des passionnés de ce domaine de compétence, disposés à mettre leur talent au service de la raison d’être par ce moyen.

Un cercle GOUVERNANCE dirige l’action collective

Un cercle gouvernance crée et coordonne l’action des cercles fonctionnels.

Per exemple, on lance tel projet qui a besoin de graphisme, d’un site web, de 2 vidéos.

Le cercle gouvernance conçoit une mission, la confie au cercle communication et valide ou fait modifier le résultat.

Des membres font les LIENS

Des membres des cercles se spécialisent dans deux types de rôles :

1/ La gestion interne

Il s’agit d’arbitrer pour que le groupe accomplisse la mission qui lui est donnée dans le cadre de la raison d’être

2/ La relation avec les autres cercles

Il s’agit d’assurer les échanges (informations, idées, documents, compétences…) avec les autres cercles, dont la gouvernance et les autres cercles opérationnels.

Le fait qu’il y ait deux types de rôle aide à éliminer les tentations de prise de contrôle d’un groupe par un individu névrosé.

Chaque groupe est collectivement responsable de la mission.

Le rôle d’arbitre interne sert à ramener le groupe à sa mission, s’il dévie, ou à l’organiser s’il ne s’auto-organise pas.

Le rôle de relation sert à simplifier les communications collectives en dédiant certains membres qui doivent dès lors se tenir particulièrement informés de l’évolution de la mission du groupe, contribuant donc à sa réussite.

Par ailleurs chaque cercle peut fonctionner comme il le souhaite : si un cercle décide collectivement de nommer un-e chef-fe de projet pour une mission donnée, c’est possible.

PROCESSUS DECISIONNELS

Au sein des cercles, les membres sont libres de négocier leurs processus décisionnels et leurs méthodes, suivant les membres, les cas, les besoins.

Parmi les types de méthode de décision disponibles on peut citer :

  • La décision par consensus, quand une majorité doit se mettre d’accord
  • Le vote par classement : on liste les candidats, on vote en les classant par préférence, on compte les points
  • Le vote positif et négatif : on donne des notes positives ou négatives à des candidats suivant qu’on les aime ou les déteste. (Cela élimine les candidats très populaires mais aussi très détestés, qui exacerbent les tensions dans une organisation)
  • Le tirage au sort : parfois, pour désigner quel humain aura telle charge ou tel honneur, mieux vaut laisser le hasard décider !
  • L’élection sans candidats : pour nommer une personne à une fonction, les membres du collectif nomment la personne qu’ils jugent la plus apte 
  • etc

cercles

 
 

Vidéo

Discussion

 

Une organisation idéale pour l’Afrique

Partage du pouvoir et jouissance de la liberté

L’Afrique a beaucoup souffert par le passé de modes d’organisation basés sur des principes autoritaires, comme dans l’esclavage et le système colonial :

  • Système pyramidal
  • Chef suprême, sous-chefs, petits chefs, cumulant des privilèges
  • Une masse de membres sans droits
  • Aucun contrôle interne du mode et du sens de son action
  • Chacun agit essentiellement par contrainte, principalement exercée depuis le niveau supérieur mais aussi depuis le niveau inférieur grâce à une adhésion idéologique de toute la communauté à ce modèle pervers

Au contraire, la sociocratie :

  • Laisse chacun exprimer et exercer son autorité – dès lors qu’elle est socialement reconnue dans un cercle
  • Laisse chacun gérer son action, mesurer sa charge de travail, contrôler sa durée et son sens, s’entendre avec les autres
  • Donne à tout membre des droits égaux – certaines récompenses se gagnent au mérite
Il n’y a même pas besoin d’élire sans cesse des cadres, des élites, des rôles privilégiés : il existe des rôles mais ils sont purement fonctionnels. Il peut y avoir du pouvoir et de l’autorité dans le cadre d’une mission, mais aucun poste fixe auquel s’accrocher. Ainsi l’organisation reste souple, personne ne monopolise les fauteuils.

Formation permanente

Dans une sociocratie, on vient collaborer de son plein gré en décidant soi-même de ce à quoi on participe.
On est donc libre de circuler dans l’organisation et de s’associer à diverses tâches – et donc d’aller s’initier ou se rendre expert dans divers domaines de compétence.
La curiosité, l’envie de se développer, sont ainsi le moteur d’une auto-formation permanente. L’expérience de travail reste une expérience de découverte et d’apprentissage. On ne peut pas s’ennuyer ni souffrir en sociocratie.

Les énergies s’accumulent

Dans certains types d’organisation, si plusieurs énergies émergent d’un groupe, la règle du groupe aboutit à éliminer tous les projets sauf un, tous les chefs sauf un, etc.

Par exemple, dans une entreprise, des équipes plaident pour des stratégies différentes, et l’organisation tranche en faveur de l’une d’elles qui s’impose à tous.

En sociocratie, tout ce qui va dans l’intérêt de la raison d’être est bon pour l’organisation. Elle peut donc se subdiviser et s’orienter vers des moyens très différents dès lors qu’ils restent au service du but commun.

Ainsi les porteurs de projets peuvent-ils s’épanouir, créer une écosystème créatif, dans lequel le public fait le tri.

Toutes les expériences qui passionnent leurs membres sont bonnes à réaliser ! On ne travaille bien que par passion, quand on est motivé de l’intérieur, quand on aime autant le but que le moyen. Si on aime pas le but ni le moyen, on ne peut pas bien travailler.

Tout le monde peut contribuer

Les organisations hiérarchiques, autoritaires, pyramidales, répartissent les individus en niveaux de puissance, les uns ayant prestige et autorité sur les niveaux inférieurs.

En sociocratie, comme toute personne peut s’associer avec une autre pour servir la raison d’être, le but commun de l’organisation qui lie tout le monde au service d’un même idéal, tout le monde peut contribuer d’une manière ou d’une autre.

On ne peut pas être exclu de l’organisation puisqu’on peut toujours y contribuer, seul ou en association avec n’importe quelle autre personne.

Quand plus personne ne fait régner sa loi limitante sur la puissance d’autrui, celle-ci se libère et même les émetteurs les plus faibles contribuent à la luminosité générale du projet. Ensemble, nous sommes une étoile.

 

Conclusion

La sociocratie est particulièrement adaptée aux sociétés africaines actuelles car :

  • Elle abolit toute forme de violence
  • Elle rend heureux
  • Elle donne du sens à la vie
  • Elle génère et préserve des relations de collaboration bienveillantes, épanouissantes et pacifiques
  • Elle est efficace en utilisant l’énergie de chacun-e
  • Elle est utile en servant des raisons d’être belles, bonnes, justes, qui font avancer la société

Expérimentez cette philosophie du travail dans vos organisations et vous verrez, cela change la vie en mieux 🙂

 

2 réflexions sur “La sociocratie pour les organisations africaines”

  1. Arsene AMANKANDE

    Je crois comprendre de cet article, qu’il s’agit en quelque sorte d’une adhésion réellement libre et volontaire, sans but pécuniaire.

    Pour compléter, lorsque l’on travaille par passion,on souffre pas,on s’amuse juste car ce qu’on fait est insignifiant et ne fatigue pas.

  2. Oui il s’agit d’une adhésion libre et volontaire. Sinon le travail n’a pas de sens.

    Mais il ne s’agit pas forcément d’une adhésion sans but pécuniaire. Le fait d’avoir besoin d’argent n’empêche pas d’être motivé par la curiosité, l’intérêt, la passion.

    Perso, je suis un gros bosseur. Je fais des trucs chiants, je me casse la tête, je me fatigue, pourtant personne ne me force. J’aime faire tout ça. Je sais que pour qu’un projet avance il faut aussi faire plein de trucs chiants – j’assume ce fait. Pourtant je ne suis jamais motivé par l’argent. Ce n’est pas l’argent qui me fait faire les trucs chiants, c’est ma passion envers la réalisation d’un projet que je trouve passionnant, beau, utile etc.

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